LA situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Pour atténuer la flambée des produits alimentaires notamment les produits agricoles, le gouvernement devrait recourir à l’importation temporaire de certains produits de bases afin d’inonder le marché et faire baisser les prix, estime l’économiste Mohamed Bahloul.
Dans une déclaration au Jeune Indépendant, le directeur de l’Institut des ressources humaines d’Oran (IDRH) a affirmé que l’importation des biens agricoles durant les périodes exceptionnelles est une nécessité pour réguler le marché et faire face à l’inflation qui mine le pouvoir d’achat des Algériens. Il a précisé cependant que ces importations devraient se restreindre aux produits de large consommation afin d’éviter un nouvel accroissement de la facture alimentaire, dont le montant a déjà frôlé dix milliards de dollars en 2011.
Interrogé sur les raisons de cette hausse vertigineuse des prix des produits agricoles, le directeur de l’IDRH estime que le problème est dû principalement à la désorganisation de la filière agricole en Algérie. «Au-delà de cette période conjoncturelle, où l’offre a été insuffisante par rapport à la demande en raison des perturbations climatiques qui ont marqué le premier trimestre de l’année, la filière agricole en Algérie souffre déjà d’une désorganisation profonde», a-t-il fait remarquer.
Il a évoqué dans ce contexte le réseau de distribution qui «comprend plusieurs intervenants» et qui fait que les produits agricoles commercialisés sont achetés au marché de gros en troisième main. Il a cité également l’insuffisance des moyens logistiques pour transporter les produits récoltés des zones potentiellement agricoles vers les autres wilayas.
L’ÉCONOMIE DE MARCHÉ NE DEVRAIT PAS EMPÊCHER L’ETAT DE PLAFONNER LES PRIX
Le professeur Bahloul a enfin souligné le manque de moyens adéquats de stockage des produits, qui fait que l’Etat ne parvient pas à faire face aux pics des prix notamment durant les périodes exceptionnelles.
Il estime par ailleurs que l’économie de marché ne devrait pas empêcher l’Etat de plafonner les prix en déterminant le seuil de la marge bénéficiaire. «Cela se fait dans les pays ultra libéraux, pourquoi pas en Algérie ?», s’est-il demandé, d’autant que la loi sur la concurrence autorise le contrôle des prix.
Un avis partagé par a Fédération algérienne des consommateurs (FAC) qui a récemment appelé le gouvernement à activer les leviers de contrôle des produits de large consommation pour mettre fin à la flambée des prix de ces produits. Pour rappel, la loi sur la concurrence prévoit, en cas de perturbation sensible du marché, le recours à la fixation, au plafonnement ou à l’homologation des marges et des prix des biens et services afin de lutter contre la spéculation sous toutes ses formes et préserver le pouvoir d’achat du consommateur.
Conformément à cette loi, le gouvernement peut également intervenir en cas de hausses excessives et injustifiées des prix provoquées, notamment par une grave perturbation du marché, une calamité, des difficultés durables d’approvisionnement dans un secteur d’activité donné, ou une zone géographique déterminée, ou par des situations de monopoles naturels.
La fédération suggère également d’installer le Conseil de la concurrence, qui sera l’autorité de régulation du marché, dont la mission première est l’instauration d’une concurrence loyale réglementée entre les opérateurs économiques, et enfin prendre des mesures pour lutter contre l’inflation.
Z. M